Prendre soin de la maison commune
Début novembre 2020, les évêques de France se sont réunis en Assemblée plénière. Comme d’habitude, cette assemblée fait un tour d’horizon de l’Eglise, puis elle s’intéresse à un sujet d’actualité particulièrement important. Comme en 2019, les évêques ont voulu réfléchir à l’écologie. Et pour le faire, chacun s’est fait accompagner par deux personnes (de son diocèse) particulièrement informées sur ces questions, surtout des agriculteurs.
Aurélien Gonthier, un jeune agriculteur de 25 ans, qui travaille avec ses parents dans une exploitation de 140 hectares et compte 130 vaches laitières à Courtenay (Loiret) est intervenu. C’est un ardent défenseur d’une agriculture respectueuse des sols. Mais il souffre de la méfiance, voire de l’hostilité, qui se manifeste à l’égard de sa profession. Lors des débats auxquels il participe, les premières questions sont souvent, raconte-t-il, « Qu’est-ce que vous épandez ? On est tout de suite attaqué sans même nous demander si l’on fait des choses naturelles ». Il aimerait des rencontres entre agriculteurs et consommateurs, pour aider au dialogue, pour se mieux connaître, pour développer des petits projets. Il faut sortir de la critique souvent trop facile. Et voir ce qu’il y a lieu de développer, chacun à son niveau, pour entrer dans un processus de transition écologique : quelle terre allons-nous léguer à nos enfants ?
Vite dit : il faut changer les méthodes de l’agriculture, supprimer les pulvérisations nocives, revoir les pratiques d’élevage, évacuer pesticides et antibiotiques, respecter l’environnement et le bien-être animal, se lancer dans les productions bio… Mais comment mettre tout cela en œuvre ? On serait tenté de dresser un cahier de charges pour les autres… Alors que cela nous concerne tous. Il faut commencer à balayer devant notre propre porte, se poser des questions toutes simples sur nos habitudes de consommation, sur le gaspillage, sur la « culture du déchet »… En parler, essayer de comprendre les problèmes, oser mettre le doigt où cela (nous) fait mal.
Nous risquons parfois d’avoir des préjugés, ou des jugements tout faits sur beaucoup de choses. Exemple : les produits phytos, ou les avantages du bio, ou les techniques à utiliser. Et nous risquons même parfois de ne pas voir beaucoup plus loin que le bout du nez, ou le bout de notre jardin.
Nous risquons surtout de nous nourrir de belles paroles. Il faut se questionner sur ses propres habitudes et comportements. Comment allons-nous, concrètement et personnellement, nous engager pour la sauvegarde de la maison commune : respect de l’environnement, accueil et protection de la vie, soin de la famille, justice sociale, dignité des travailleurs, les droits de générations futures. Tout est lié !!! C’est cela l’écologie intégrale.
Le pape François n’hésite pas à nous mettre au pied du mur :
« La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons, ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs. » (Laudato Si’ – n° 222)
Une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. Voilà un message qui décoiffe. Au moment de passer à une nouvelle année, est-ce que ce ne serait pas un bel engagement pour 2021 ? Faites-vous cette promesse et ce cadeau de construire la terre de demain où personne ne sera oublié au bord du chemin.
Ne visez pas trop haut… Mais ne soyez pas non plus trop modestes…
Bonne année 2021
P. Joseph Burgraff.