Un pape cordiste
Cordiste, voilà un métier qui ne court pas les rues, ni même notre ciel. On en a parlé abondamment à propos des travaux de restauration entrepris à Notre Dame de Paris. Une centaine de cordistes sont actuellement occupés, et de façon spectaculaire, à démonter en le cisaillant l’échafaudage qui a été abîmé par l’incendie.
Le Journal français La Croix vient de publier une fresque murale qui représente le pape en position inédite, sous le titre « Le pape, cordiste de la planète ».
La fresque murale, peinte en 2019 par Mauro Pallotta, pour célébrer la visite du pape François à Albano Laziale, représente le pape nettoyant le ciel de la pollution à l’aide d’une raclette. Les autorités locales lui ont même offert un tee-shirt représentant le tableau ! Le voici, suspendu à une corde, appliqué à nettoyer à bout de bras la pollution montant des cheminées d’usine ; là où sa main est passée, réapparaissent le soleil et les oiseaux. Le pape François, à la démarche alourdie par le poids des ans, se retrouve ainsi, soutane au vent, figuré en acrobate téméraire, en « cordiste » audacieux.
Le Pape François a de la suite dans les idées…
Son premier document officiel publié en 2013 avait un titre très clair, qui sonne comme une conviction, ou comme un programme : La Joie de l’Evangile. Il y partage ses préoccupations, mais surtout sa joie de proclamer l’Evangile. Le mot « Joie » revient 109 fois dans cette exhortation… Parce que l’Evangile est, nécessairement, source de joie. Et aussi source de dynamisme : l’Evangile nous tient éveillés, il nous met en route (l’Eglise doit sortir), spécialement vers les pauvres, les exclus. Ce qui caractérise le chrétien, ce n’est pas simplement d’organiser de belles liturgies, c’est marcher, aller vers… Jésus marchait tout le temps. On l’a nommé « l’homme qui marche ». Et il se dirigeait vers le pauvre, le blessé, l’opprimé, le malade… Nous marchons à sa suite. Un des premiers gestes officiels du pape exprimait cela : il a visité Lampedusa, et porté la Bonne nouvelle aux réfugiés, aux rescapés de naufrages.
Deux ans plus tard, le pape précise ses idées dans une encyclique adressée au monde entier et pas seulement aux « fidèles ». François y poursuit sa réflexion sur les pauvres : où sont-ils ? Qui sont-ils ? Pourquoi cette pauvreté ? Comment intervenir, que faire ? La première urgence, c’est d’entendre le cri des pauvres. Entendre, cela ne passe pas seulement par l’oreille, mais aussi à travers le cœur. Entendre vraiment, c’est essayer de comprendre, c’est compatir, et finalement c’est se mobiliser, bouger, faire quelque chose. Cela fait songer à une page d’évangile : le riche qui ne voit pas le pauvre Lazare assis à sa porte, qui n’entend pas son cri de détresse.
Ce nouveau texte, une encyclique (sorte de longue lettre ouverte, adressée à tous) de 2015, s’intitule « Laudato Si ». Ce sont les premiers mots du cantique de St François d’Assise : il nous dit que la terre est « notre maison commune », elle est comme une mère, ou une sœur. Mais cette terre, notre terre, notre maison commune est malade. Il nous faut entendre le cri de la terre. Il faut sauver la terre, sauver la planète.
A vous de jouer
Cette encyclique a cinq ans, et n’a pas pris une ride. Pour son 5e anniversaire, l’Eglise propose une « année spéciale Laudato Si ». Qu’est-ce qu’on nous propose concrètement ? il s’agit d’expérimenter « de nouvelles manières de vivre, d’éduquer, d’enseigner, de chercher, de célébrer, de gouverner, d’être solidaire, de gérer, de soigner, de travailler, de se nourrir, de se déplacer… Excusez du peu ! J’ai souligné le terme important : expérimenter, ce qui signifie faire des expériences nouvelles. L’appel est lancé à votre créativité, à votre imagination : trouvez des gestes nouveaux, partagez-les avec nous tous.
Au fil des mois qui arrivent, j’essayerai de parcourir avec vous ce texte important. A un moment où beaucoup s’interrogent sur l’après (après Covid, après confinement…) nous essayerons de dégager les pistes que nous ouvre le pape François.
Et si vous avez des questions, ou des suggestions à faire, elles seront les bienvenues.