Conversion écologique (Volet 1)

Notre consommation

 

Mathieu BOULANGER

Comme vous le savez, le forum de la famille spiritaine – « Heureux, vous qui prenez soin de la terre ! » – a été reporté à la Pentecôte 2022 en raison du Covid. Ce changement de programme offre l’occasion de porter un regard bienveillant et fécond sur notre façon d’agir. Nous allons, tour à tour, interroger nos pratiques sur cinq sujets déterminants : les biens de consommation, l’alimentation, les déchets, la mobilité, et le logement. Loin d’être dans la culpabilisation anesthésiante, et finalement stérile, il s’agit de prendre la mesure de notre mode de vie individuellement et collectivement et de l’éclairer au regard des enjeux planétaires, sociaux et environnementaux puisque, comme le souligne le pape, tout est lié. Dans quelques mois, ce qui aura émergé servira de matériau pour notre forum.

 

Perspective mondiale : Pour atteindre la neutralité carbone (émission – absorption = zéro) chaque personne ne doit pas émettre plus de 2 tonnes de CO2éq/an. Un Français en émet actuellement en moyenne 11 tonnes, contre 0,3 t pour un Tanzanien. N’y a-t-il pas ici une injustice flagrante ? L’Évangile ne nous appelle-t-il pas à agir, au nom de la fraternité ?

 

1ère étape, interrogeons nos modes de consommation

Problématique : tout achat de bien ou de service (cela va des chaussures au contrat d’assurances) a un impact sur les émissions de CO2 : quelque part, de l’énergie a été consommée pour extraire, transformer, transporter, vendre. Plus on dépense, plus on émet de CO2 : tout en sachant que certains achats sont plus intensifs en carbone que d’autres, le lien entre argent dépensé et CO2 produit est très clair. L’empreinte carbone des gens ayant un niveau de vie élevé est bien supérieure à celle des pauvres, qu’ils soient en France ou ailleurs. Or, bien qu’individuellement « pauvres », les spiritains en France se situent collectivement au-dessus du revenu minimal d’une personne modeste (cf. rapport financier du chapitre provincial 2021). En tant que chrétiens, et à plus forte raison en tant que religieux, nous sommes donc appelés à vivre une « sobriété heureuse », qui est déjà une forme de réponse au cri de la terre et au cri des pauvres.

 

Questions à réfléchir

individuellement, en famille, en communauté :

  • Avant d’acheter, ai-je vraiment interrogé mon besoin? Puis-je vivre avec moins ? Qu’est-ce qui me rend véritablement heureux ?
  • Au-delà des achats personnels sur lesquels nous avons le plus de prise, sommes-nous conscients de l’impact de tous nos actes d’achats au niveau communautaire ou familial, y compris les achats non matériels (internet, téléphonie, services bancaires, énergies, etc.) ?
  • Nous avons l’habitude de comparer le coût (€) d’un produit ou d’un service en ciblant le meilleur rapport qualité/prix. Mais qu’en est-il du coût écologique et social : (lieu(x) de production, type de matériau, réparabilité, recyclabilité, impact social, etc.) ?
  • Est-ce que nous compensons l’empreinte carbone de nos achats ?
  • Est-ce que nous sommes prêts à mettre en commun du matériel ?
  • Est-ce que nous sommes prêts à acheter des produits d’occasion?

 

Quels objectifs concrets nous donner pour l’année qui vient ?

À la suite des réflexions suscitées par les questions précédentes, quelle observation principale je retiens sur mes pratiques de consommation ?

Ensuite, quel objectif puis-je me donner pour aller dans le sens d’une consommation ‘moins carbonée’, plus sobre, mais peut-être aussi plus créative ? Voici une proposition de méthode, la règle des 4 R :

  • RÉDUIRE, RÉPARER, RÉUTILISER, RECYCLER

(dans l’ordre !)

Y réfléchir avant chaque achat devrait devenir un réflexe. À noter que la période de l’Avent dans laquelle nous entrons est particulièrement propice pour mettre en pratique cette approche…

 

Prions

Seigneur, les merveilles de ta Création et le génie humain nous procurent confort et bien-être et nous t’en remercions. Mais toi seul es la source du bonheur véritable. Les pauvres transforment souvent la nécessité en créativité et en débrouillardise : qu’ils deviennent nos maîtres dans l’apprentissage progressif d’un mode de vie plus simple et respectueux de notre maison commune. Donne-nous ton Esprit de discernement et de sagesse, dans la joie de faire ta volonté.