Si des places d’accueil ont été ouvertes par l’agence gouvernementale FEDASIL, il restait au 24/02/2023 encore 2.364 demandeurs/demandeuses d’asile sans accueil; parmi eux/elles, des familles avec enfants, des mineurs étranger.e.s non accompagné.e.s et des personnes vulnérables.
Comme ces migrant.e.s ne peuvent plus reformer des camps de tentes de fortune dans le centre de Bruxelles – ce qui ferait réapparaître au grand jour la crise de l’asile qui couve toujours et mettrait le gouvernement sous pression – , ils/elles vivent dans des squats ou carrément à l’extérieur.
La population voisine de ces squats et les ONG s’émeuvent et apportent leur aide aux migrant.e.s qui y vivent; mais ailleurs, il y a de la résistance: les communes répugnent à ouvrir des habitats collectifs pour migrant.e.s et, selon un récent sondage, le parti flamand d’extrême droite, Vlaams Belang, est devenu le premier parti de Flandre dans les intentions de vote. Des politicien.ne.s qui ne sont pas d’extrême-droite expriment aussi des propos xénophobes (p.ex. le président du Parti socialiste flamand, M. Conner Rousseau).
Le gouvernement a conclu un pacte sur la migration visant à accélérer le traitement des dossiers en vue de résorber l’arriéré qui s’élève à plus de 15.000 dossiers. Il vise aussi à créer des centaines de places d’accueil du FEDASIL dans des ‘villages de conteneurs’. Les demandeurs et demandeuses d’asile débouté.e.s devront quitter immédiatement les centres FEDASIL, ce qui libérera des places. La Belgique s’alignera aussi sur la politique de l’Union européenne dite des ‘retours ‘(accélérer les expulsions des débouté.e.s de l’asile) et de l’externalisation de la migration (en dotant de moyens financiers les pays de la Méditerranée limitrophes de la l’Union européenne pour qu’ils empêchent les migrant.e.s de gagner l’Europe).
Il y a 29 ‘maisons dites de retour’ en Belgique. Des familles dont la demande d’asile a été refusée y sont placées d’office par l’Office des Etrangers en vue de préparer leur retour – volontaire ou non – dans leur paye d’origine. Quoique ces familles n’y soient pas enfermées, ces maisons de retour sont des lieux de privation de liberté dont les enfants souffrent particulièrement (traumatisme de l’arrestation, coupure de l’entourage, restrictions de libertés importantes, parfois violation du droit à l’éducation, angoisse de l’expulsion vers un pays qu’il/elle n’a parfois jamais connu…) Or la Belgique a déjà été condamnée pour sa politique d’enfermement des enfants en 2006 par la Cours européenne des droits humains.
Pendant ce temps là, la Belgique a accueilli et hébergé, partiellement dans des accueils collectifs, 63.356 Ukrainiens en 2022; la protection temporaire reçue par ces Ukrainien.ne.s leur a donné immédiatement droit à une allocation qui leur a permis de vivre. La population belge, qu’elle soit ou non d’origine ukrainienne, a contribué volontiers à cet accueil.