Quel vaccin pour le changement climatique ?
A l’heure où certains gouvernements préconisent une troisième dose de vaccin pour lutter contre la propagation du virus, les avis sont partagés entre les partisans d’une vaccination obligatoire et l’opinion publique qui estime que la liberté des citoyens doit être respectée.
Qu’en est-il alors du changement climatique ? Ne faut-il pas lui administrer un vaccin ?
La pandémie du coronavirus a le mérite d’avoir fait baisser les émissions de CO2 de 7% depuis son apparition en décembre 2019 (Cf. WWF, 2021 Report). Ce que les grandes conférences internationales n’ont pas réussi à réaliser en quatre décennies, ce petit virus est parvenu à le faire en moins de deux ans.
Avec la pandémie, s’est accentuée la préservation des écosystèmes et de la biodiversité en raison des divers confinements imposés ici et là.
La nécessité du confinement a fait retrouver à la nature quelques couleurs de splendeur. La question qui se pose est la suivante : faut-il que l’homme se retrouve dans une situation d’extrême urgence avant de donner à la création une marge de ressourcement ? Il n’y aura pas perpétuellement des crises de coronavirus et il s’avère fondamental que l’être humain se serve de l’expérience de cette pandémie pour réguler sa collaboration avec la nature.
Il semble évident que l’humanité soit imbriquée avec son écosystème. Si la biodiversité s’écroule, elle ne pourra évidemment plus assurer les services écosystémiques. L’humanité peut-elle exister décemment dans ces conditions? Il faut dire que la dégradation de l’écosystème compromet la sécurité hydrique, limitant la disponibilité d’une eau adéquate pour une bonne hygiène des mains ou un assainissement et un traitement des maladies. « Le risque de maladie ne peut être dissocié de la conservation des écosystèmes et de la sécurité des ressources naturelles » HCR, 2020.
La biodiversité doit être préservée, car elle est bonne pour notre santé, prévient le pape François. De très nombreux médicaments nous sont fournis par la nature. Et les écosystèmes et la biodiversité doivent être indéniablement préservés. Ceci est encore plus important pour les personnes vivant dans les pays les plus pauvres.
Les personnes les plus vulnérables au monde subissent souvent de plein fouet les effets du changement climatique. La hausse des températures contribue à aggraver l’insécurité alimentaire, les pénuries d’eau et l’insécurité foncière tout en perturbant les services nécessaires à la santé humaine et aux moyens de subsistance, à l’habitat et à la survie. Les personnes âgées, les femmes, les enfants, les victimes de handicaps et les peuples autochtones comptent invariablement parmi les plus touchés.
La dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée. En 2019, près de 2000 catastrophes, pour la plupart climatiques, ont provoqué 25 millions de déplacements nouveaux. Le changement climatique a poursuivi son accélération pendant que le monde lutte contre la pandémie de Covid-19. « Il n’y a pas de vaccin, il n’y a pas de masques. Nous ne pouvons fermer les frontières au changement climatique, ce n’est pas la solution … Aussi il nous faut agir… et adopter toutes les solutions dictées par la science et les savoirs traditionnels pour sauver nos peuples et notre planète. » Rapport du Haut Commissariat pour les Réfugiés, 2020.
Alain Boubag