Notre engagement spirituel et notre conscience écologique
Au début des années 2000, peut-être même déjà avant, de nombreuses conférences internationales s’étaient fixées comme objectif de purifier et assainir notre environnement à l’horizon 2030 en imposant à tous les pays une réduction considérable des émissions des gaz à effet de serre (GES). L’horizon 2030 approche à grands pas et les belles résolutions proclamées avec solennité ont laissé la place à la déception, l’illusion et la résignation.
Le cadre pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030 signé par les chefs d’Etats européens en 2014, impose de réduire les émissions des gaz à effet de serre d’au moins 40% par rapport au niveau de 1990.
Quelques efforts ont été fournis mais ils sont encore très loin d’atteindre les chiffres fixés. L’UE annonce, par exemple, qu’en 2019 elle a réalisé une réduction des émissions de GES de 9,1% par rapport à 2018, soit une réduction de 152 millions de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone.
Aujourd’hui, pour éviter un réchauffement climatique de 1,5°C, une réduction de 50% des émissions de GES s’impose d’ici à 2030. En Belgique, cela signifie qu’il faudra passer de 12 tonnes de CO2/an et par personne en 2018 à 5,4 tommes de CO2 en 2030. Pour y arriver, il nous faut diminuer nos émissions de 6,5% chaque année. Le défi est dur à relever mais il peut l’être. Cela prendra du temps, mais c’est possible et c’est faisable.
L’usage de son smartphone, la consommation de son steak, restent encore possible, de même que les déplacements en avion et en voiture; mais plus de la même manière que cela se passe aujourd’hui. « Le chauffage, la voiture, l’alimentation, l’avion, les smartphones, les vêtements et même l’épargne devront être repensés pour diminuer notre impact. » Un usage raisonné s’impose pour atteindre les objectifs fixés à l’horion 2030. Le temps perdu sera-t-il rattrapé ?
Notre engagement citoyen nous recommande de prendre conscience des défis à relever et de nous donner les moyens nécessaires pour faire reculer les GES. L’environnement reste et demeure un don gratuit du Dieu qui crée et responsabilise chaque être humain. L’homme est co-créateur avec Dieu d’un environnement qui doit contribuer à le rendre garant et protecteur de la nature. Nature comme spendeur de la création et non plus comme uniquement source de matières premières et d’autres ressources minières.
Il s’agit de créer plus de liens et moins de biens pour vivre dans la simplicité écologique. Moins, pour plus, tel est donc le point central de la conversion écologique. Il s’agit en effet de vivre simplement, pour que d’autres puissent se développer et pour alléger la pression que notre mode de vie exerce sur l’environnement. Comme le synthétise superbement Gandhi, il s’agit de « vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre ». Mais il s’agit également de vivre plus simplement, de se désencombrer du superflu, – et de désencombrer son agenda notamment –, pour que quelque chose d’autre puisse surgir.
Les GES à effet de serre poursuivent leur chemin et envahissent notre atmosphère et notre couche d’ozone. Que ce soit au niveau individuel ou collectif, le chemin à prendre est celui de: consommer moins de chauffage, financer des travaux d’isolation, utiliser moins d’électricité, diminuer ses kilomètres en voiture voire se passer de voiture, manger moins de viande (mais meilleure), consommer bio, local, de saison, réduire ses déchets. Il s’agit de porter un regard nouveau sur des habitudes profondément ancrées dans la vie quotidienne de chacun. Cette façon de faire pourrait conduire à la réduction espérée, de passer de 12 tonnes à 5,4 tonnes par an pour diminuer considérablement les émissions des GES en Belgique et partout dans le monde.
Le changement intérieur qui doit s’opérer en chacun est, de l’ordre de la conversion: conversion de nos coeurs, de notre désir, de notre conscience, de nos modes de pensée, de nos représentations, de nos modes d’être au monde, de nos modes de vie et de nos habitudes dans lesquelles nous sommes comme verrouillés. Cette conversion peut être envisagée comme une profonde et progressive transformation personnelle intérieure, qui résulte d’une démarche de liberté. Le terme de conversion peut faire penser qu’il s’agit d’une révolution qui exigerait que tout change en un instant, comme par magie. Il s’agit plutôt d’un processus dans lequel nous sommes invités à faire un pas après l’autre, à tâtons, mais où, petit à petit, ce sont tous les domaines de notre vie qui seraient touchés: notre manière de nous alimenter, de concevoir notre habitat, de nous déplacer, de travailler, d’épargner, de passer nos vacances. Mais aussi notre manière « d’habiter » notre temps libre, notre façon de faire la fête, de passer du temps ensemble et d’être en relation. En relation avec le Créateur. En relation avec sa Création.
Alain Boubag