Un Carême écologique
Voilà quelque chose d’original. Et une bonne réponse à une question que beaucoup de posent : que faire en ce temps de préparation à Pâques ? Et après Pâques… Prier, jeûner, partager. Ce sont là trois piliers, ou trois chemins incontournables. Mais dans quelle perspective ? Le Carême nous conduit à la rencontre du Ressuscité dans nos vies. A sa suite, nous vérifions notre trajectoire, nous orientons autrement notre regard, nous commençons à « sentir » les choses autrement. Nous mettons de l’ordre dans nos priorités. Cela ne s’arrête pas à la fin du carême.
Le pape parle de conversion écologique. Il n’y a pas de recette unique : chacun doit trouver son parcours, chacun doit revoir sa façon de vivre.
Une piste de réflexion, parmi d’autres : le 5 mars, dans le journal local, un petit article retient mon attention : On estime que 20 % de la nourriture produite dans le monde sont jetés. Cela représente 1 milliard de tonnes. Alors que 700 millions de personnes souffrent de la faim. – Il faut bien lire une information pareille, et voir à quel point elle nous concerne. Ni vous ni moi ne pourrons, seuls, régler ce problème. Mais cela doit nous interroger, nous faire revoir nos habitudes. Nous ne pouvons pas y faire grand-chose ? Si, nous avons à apporter notre petite contribution, comme le colibri apporte sa goutte d’eau pour éteindre l’incendie de forêt.
D’autres songeront davantage à leur jardin. Pourquoi pas l’appeler le « jardin de Pâques » ? Un vrai jardin, travaillé, planté, arrosé, sans engrais. Semer, planter, bouturer, greffer, cultiver des légumes, planter des fleurs, créer un coin de repos où on va volontiers écouter le chant des oiseaux, ou simplement admirer la nature. Comme St François. Le jardin peut devenir un lieu de détente, un lieu de création, mais aussi de ressourcement spirituel. Le but du jardin n’est pas de gagner quelque chose, ou d’épargner, ou même de manger sain… C’est surtout faire une expérience de vie. Communier avec la nature, le soleil, la lune, les nuages. Réaliser qu’on fait partie d’un ensemble, d’un « monde » où nous avons une place à tenir. Être des jardiniers d’un magnifique jardin. Dans la nature, je découvre quelque chose de Dieu. L’Evangile de la création !!!
Il y a bien d’autres possibilités : s’engager pour la propreté des espaces publics, ne pas jeter de déchets, trier, réparer, user son smartphone avant d’en acheter un autre, faire une partie de ses déplacements à vélo. Ou encore s’engager comme bénévole dans une association qui aide les plus démunis ou qui dépanne… ! L’important, c’est de ne pas arriver à Pâques les mains vides, faire du Carême une vraie rampe de lancement.
Dans son encyclique Laudato Si, le pape nous propose une autre façon de faire et de vivre. Il ne tarit pas d’éloges à propos de la sobriété, comme un nouveau mode de vie, voulu, choisi. A chacun de trouver sa sobriété, son rythme, pour être pleinement présent et attentif aux choses de la vie en apparence les plus infimes et anodines, mais si bienfaisantes pour l’âme : un signe d’amitié, un sourire, un rayon de soleil, un chant d’oiseau. Parfois, il faut se désencombrer, faire le vide… pour retrouver l’essentiel, et une vraie joie de vivre. La sobriété est « la capacité de jouir et de vivre intensément avec peu ».
S’engager dans la conversion écologique n’est rien d’autre que s’aligner sur l’Evangile. Cela entraine un changement du cœur. Et cette conversion se situe à un bon niveau lorsqu’elle a une dimension communautaire (LS 219). Osez en parler avec vos voisins, en paroisse, dans un quartier. Mettez-vous en route, ensemble si possible.
Vous avez peut-être entendu parler de Rainer NOLVAK, un informaticien amoureux des arbres. Il y a 12 ans, désespéré de voir la forêt près de sa ville d’Estonie transformée en décharge publique, il a lancé un mouvement populaire. Une journée nationale du nettoyage. Et ça a marché ! À travers tout le pays, 10 000 tonnes de déchets ont été collectés et recyclés. 180 pays ont suivi. 20 millions de volontaires s’arment dorénavant de sacs-poubelle, de gants et de courage pour nettoyer notre monde et nous réconcilier avec la planète.
Un bel exemple. A suivre.