Nous nous préparons en Église, à célébrer la 29ème journée du malade en ce mois de février. Le Pape François propose, à cette occasion, de méditer l’évangile de Matthieu 23, 8 : « Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères. » Il s’agit, pour le souverain pontife, de créer une relation de confiance à la base du soin proposé aux malades.
Nous n’avons qu’un seul maître et nous sommes tous frères. Ceci résume de manière significative le sens de la vie et de la création que saint François d’Assise a voulu donner à l’environnement. La création, chez le saint d’Assise, n’a aucune connotation animiste, mais elle est magnifiée car elle est l’œuvre de Dieu. C’est pourquoi saint François a décidé de créer une relation de confiance avec la nature pour chanter son action de grâce à l’œuvre créatrice du Père. Si le pape François estime que le soin du malade passe par une relation de confiance à la base, c’est parce qu’il est totalement conscient que la guérison relève d’abord du soin que nous apportons à ceux qui se sentent malades. Il n’y a pas que les hommes et les femmes de ce monde qui sont malades. Notre monde est malade. Malade de son économie, de sa morale, de sa politique et de son environnement.
Cette journée du malade nous pousse à élargir notre regard sur toutes les défaillances que connaît notre monde aujourd’hui. Et cela se résume en la défaillance de la fragilité humaine. « La maladie a toujours un visage, et pas qu’un seul : il a le visage de chaque malade, même de ceux qui se sentent ignorés, exclus, victimes d’injustices sociales qui nient leurs droits essentiels »[1]
C’est donc de prendre soin qu’il s’agit. Prendre soin des malades et aussi de ceux qui les rend malade pour éradiquer la source et la cause de ces maladies. Prendre soin de notre monde c’est convertir notre regard et le porter sur ce qui est essentiel. La crise sanitaire a révélé avec éclat qu’il est nécessaire de s’attacher à l’essentiel. L’essentiel, c’est ce qui est indispensable au déroulement de la vie, de toute vie. Prendre soin de notre monde est devenu une exigence essentielle à laquelle l’humain doit désormais prêter attention. Nos frères et sœurs malades ont besoin de nous de la même manière que notre monde malade a besoin de nous. Besoin de nos soins. Prendre soin a un nom : la sobriété. « La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs. »[2] La sobriété et le soin feront énormément de bien à notre monde malade, à nos frères et sœurs malades car c’est de cela dont nous avons besoin pour notre propre guérison. Prendre soin des malades et de notre environnement, c’est révéler le vrai visage du Dieu d’amour qui se donne à l’homme, un Dieu qui se laisse chercher et se laisse trouver. Poursuivons nos démarches de procurer des soins et de vivre dans la sobriété la plus totale.
Tout le monde te cherche est une très belle prière de Chantal Lavoillotte[3] pour ce dimanche de la Santé que nous allons vivre en février. « Tout le monde te cherche Seigneur, Particulièrement dans les événements tragiques qui abîment nos vies, Les bouleversent, les malmènent. Tout le monde te cherche. Où es-tu ? Es-tu un Dieu lointain ? Indifférent à ce qui nous blesse ? En Jésus, tu t’es fait proche de chacun. En Lui, tu as souffert ce que nous souffrons. Alors, aide-moi à croire que tu es le Dieu présent au tout de nos vies. Et que Toi aussi, sans Te lasser, Tu nous cherches. »
Notre monde surmontera les différentes crises qu’il traverse en prenant soin de son humanité fragile et souffrante et aussi de son environnement qui a tant besoin de soins.
Abbé Alain Boubag
[1] Message du Pape François à l’occasion de la Journée mondiale des malades 2021, n°3.
[2] François, Lettre encyclique Laudato Si’. A propos de notre maison commune (Namur: Fidélité, 2015), n°22.
[3] Chantal Lavoillotte, 62 ans, aumônière depuis seize ans à l’hôpital Victor-Provo, à Roubaix en France.