Prendre soin
Comment faire le bilan complet du Covid-19 ? On peut compter le nombre des décès, au moins dans les pays les plus développés… Evaluer les pertes dues au confinement et à une paralysie du monde des affaires. Citer pas mal de dégâts collatéraux : solitudes, augmentation de la pauvreté, victimes du chômage, enfants non scolarisés.
Il y a eu aussi des élans de solidarité et de générosité étonnants. Des médecins, des infirmières et tant d’autres, prenant des risques sur leur santé ou leur vie. Le grand défi maintenant est de continuer à vivre cet élan de solidarité. De prendre soin de soi, et des autres. D’être responsables les uns des autres.
Un autre constat : nous pensions maîtriser bien des choses. Mais nous avons été rattrapés par nos fragilités évidentes. Nos meilleurs spécialistes, virologues, infectiologues, et j’en passe…, ont dû essayer d’apprivoiser ce virus couronné. Et on ne peut pas dire que le combat est terminé. Il nous faudra vivre avec, continuer à prendre des précautions et, surtout, prendre soin les uns des autres. Réaliser que nous sommes tous dépendants les uns des autres, tous sur le même bateau. Mais ce qui est clair aussi, c’est que ce n’est pas une fatalité. C’est une responsabilité partagée.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de tout cela. Tout simplement parce que c’est un des aspects de l’écologie intégrale dont parle le Pape François dans son encyclique Laudato Si. L’écologie intégrale est une façon de vivre ensemble, dans la paix, en harmonie avec Dieu, avec les hommes et femmes qui nous entourent, avec la nature. Avoir ensemble le souci de notre maison commune. Réaliser que cette maison doit être prise en charge, entretenue. L’Eglise ne fait pas de politique, mais, comme les politiciens, elle s’occupe du bien commun.
Il y a quelques jours, je me suis amusé à mettre en colonne des programmes venant d’horizons bien différents : un message de nos évêques (26 septembre) sur la solidarité, les projets « Justice et Paix » (les ODD de l’ONU : Objectifs du Développement Durable), les recommandations de Laudato Si, et… le programme de notre nouveau gouvernement (un pays solidaire, un pays prospère, un pays durable). Etonnant de voir bien des concordances. Le pape n’a pas peur des mots : il demande plus de sollicitude, plus de solidarités, plus de justice. Il faut redéfinir le vrai progrès : ce n’est pas accumuler des richesses, mais améliorer la qualité de vie.
Du 1er septembre au 4 octobre, le pape demandait qu’on célèbre le temps de la création, un temps pour prendre soin de la création… L’Eglise flamande a lancé une belle initiative, symbolique, appelée Ecokerk ; exemple : planter un arbre fruitier dans un endroit accessible au public. Une façon de montrer, très concrètement, un engagement en faveur du climat et de partage avec tous. Mgr Lode Van Hecke, un des planteurs, expliquait ainsi son geste : En plantant cet arbre, nous exprimons notre espérance chrétienne et enracinée d’un avenir vivable et notre engagement pour une conversion écologique. Cet espoir n’est pas naïf. Les scientifiques confirment qu’une perspective prometteuse est possible si nous éliminons la pauvreté, partageons la terre équitablement, réformons l’économie, protégeons la nature et vivons ensemble dans les limites écologiques d’une planète saine.
Voilà une belle façon de faire écho à la prière du pape François, le 1er septembre : Prions pour que les ressources de la planète ne soient pas pillées, mais soient partagées de manière équitable et respectueuse. Non au pillage, oui au partage.
Il y a urgence ! Un vrai chemin de conversion s’ouvre devant nous !
P. Joseph Burgraff.