A la famille humaine
Quand le pape écrit une encyclique, il s’adresse aux catholiques. Et c’est bien normal. Ici, avec « Laudato Si » le pape François bouscule cette habitude, il s’adresse au monde entier, à toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable. Il invite d’abord à faire une sorte d’état des lieux, à constater avec lui tout ce qui menace notre planète, tout ce qui nous menace : le réchauffement climatique et ses conséquences, les inégalités sociales grandissantes, les conditions de vie indignes de tant de personnes, etc. Et il ne fait la morale à personne : il affirme ses convictions, inspirées de l’Evangile et aussi de l’exemple de St François d’Assise, mais il se veut proche aussi de tous ceux et celles qui, à travers le monde, sont sensibilisés à ces questions.
Face à la détérioration globale de l’environnement, je voudrais m’adresser à chaque personne qui habite cette planète… Je me propose d’entrer en dialogue avec tous au sujet de notre maison commune. (N° 3)
Il existe un mouvement écologique mondial et beaucoup d’associations qui proclament haut et fort le même souci. Il y a un an, les jeunes belges ont montré qu’ils se faisaient du souci pour l’environnement, pour le réchauffement climatique.
L’originalité du pape François c’est d’abord une attitude modeste. Il est bien placé pour entendre et pour partager les angoisses, les soucis, les questions, les peurs de l’homme d’aujourd’hui. Il affirme sa solidarité avec toutes ces personnes inquiètes, puis il affirme la grande et indispensable solidarité de tous les hommes. La récente crise du Covid 19 nous a bien montré l’importance de cette solidarité fondamentale. Les slogans lancés étaient significatifs : prenez soin de vous… et des autres. Prendre soin de, Care… Prendre soin de la maison commune, de la planète que nous laisserons à nos enfants.
C’est sur cette vague que nous conduit le pape. Il ne s’agit pas de culpabiliser, de rejeter la faute sur d’autres. Nous sommes tous responsables, co-responsables. La démarche qu’il propose est en trois temps :
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Voir les problèmes, voir ce qui se passe dans notre maison. C’est une sorte de diagnostic à porter. Il étudie nos modes de vie et de pensée qui sont parfois bien loin de l’Évangile : pollution, gaspillage, manque de respect pour la vie, culture du déchet… Il faut changer, et c’est urgent, si nous ne voulons pas aller dans le mur. Il y a un vrai appel à une conversion. Il faut bien comprendre ce terme : cela ne se passe pas seulement au confessionnal, mais dans la vie de tous les jours. Ce qu’il faut changer, c’est notre façon de vivre et de penser.
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Juger. La terre est la terre de Dieu, mise à la disposition de l’homme, de tous les hommes, aussi ceux de demain. L’homme n’est pas le propriétaire de cette terre, mais le gestionnaire appelé à en faire un monde où il fait bon vivre. Appel à défendre la création, les pauvres, les opprimés. Prendre soin des autres. Sans les chercher trop loin.
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Agir. Nous sommes tous appelés, chacun là où nous sommes, à devenir des « citoyens écologiques », qui ont souci de l’autre et souci de la terre notre mère. Le pape insiste beaucoup sur les collaborations à mettre en place. Il ne faut pas nécessairement créer de nouvelles associations, car il en existe déjà beaucoup, dans l’Eglise ou en dehors d’elle. Il ne faut pas refaire le monde, mais apporter à ce monde la bonne nouvelle d’un Dieu qui nous fait confiance pour gérer la création.
Petit clin d’œil. Cela s’adresse aux jeunes. Évidemment, mais pas seulement. Pour que les jeunes puissent rêver le monde de demain, il faut que les anciens continuent de rêver aussi le monde d’aujourd’hui. Et qu’ils soient bien conscients que la terre ne nous appartient pas ; elle appartient à nos enfants.